Transatlantique 2018
Canaries – Cap Vert


Il n’y a pas grand chose à faire mais deux jours ont passés comme ça, rythmés par la houle de plus en plus ample. Hier matin, en prenant mon quart, Bertrand me fait le topo de ses observations diurnes… des dauphins, des méduses “portugaises” et la visite d’hirondelles qui tournent autour du bateau.

Elles se posent quelquefois sur les lignes tendues, entre deux pinces à linge, espérant passer inaperçues. Mais ici tout le monde est à l’affût! Tout nous surprend, nous émerveille, nous questionne. Plus tard, une de ces coquines est même descendue en cachette dans une des cabines intérieures. D’après Jampi, c’est courant de retrouver des oiseaux cachés dans les cargos… il nous raconte même avoir croisé un hibou une fois, perdu dans l’océan, bien loin de chez lui.

Les coquineries des hirondelles

 

Physalia physalis ou la Galère portugaise


Hier, c’était notre première belle journée ensoleillée… mais pas de vent, une journée à se laisser emporter par le courant qui heureusement est de notre côté, lui!
J’en profite pour étrenner la douche… la douche, ça se passe sur la jupette arrière du bateau, un seau d’eau de mer, on se savonne, on se rince et on finalise le tout avec, comble du luxe, un rapide jet d’eau douce.
Au milieu de l’Atlantique, tout est un luxe, surtout l’eau!

Certes, nous avons un dessalinisateur qui nous permet d’avoir de l’eau courante sur le bateau, mais les réservoirs ne sont pas infinis et chaque jour il faut “refaire” de l’eau. Et oui, essaie de remplir un réservoir de 200 litres d’eau vide en sachant qu’il te faudra 2 heures et de l’électricité pour fabriquer 20 litres de ce précieux liquide… autant maintenir le niveau chaque jour, non?

J’aime ce côté de rationnement constant, on se rend compte de beaucoup de choses quand elles deviennent rares. Le bonheur simple de sentir sa peau propre et fraîche en fait partie, mais je crois qu’on est tous d’accord pour dire que c’est surtout le fait de sentir le savon sur les autres qui rend ces moments magiques.


Le soleil, ce jour-là amène avec lui un petit goût de vacances. Tout le monde se trouve un coin sur le pont ou dans les filets du Toucan… une petite musique nous accompagne, les sourires sont sur toutes les lèvres. Je crois que l’expression dolce vita prends tout son sens en ce moment précis. Et sans s’en rendre compte, en observant l’horizon, le temps s’écoule lentement et le vent fait son retour.


En fin de journée, comme pour ponctuer cette journée de rêverie, nous sommes gratifié d’un spectacle. Les dauphins sont curieux et joueurs, ils viennent régulièrement taquiner le Toucan. Ok… on va pas dire qu’on s’est déjà habitué à leurs salutations furtives mais cette fois, “c’est carnaval” comme dirait Benjamin.

On dirait qu’ils arrivent de partout, qu’ils se sont passé le mot… méli-mélo de dauphins à l’avant du bateau, sauts vrillés, combo de nageoires dorsales. Aussi loin que se porte notre regard, ils sont là!

On les observe émerveillés, pendant presque une heure, tachant d’évaluer leur nombre toujours grandissant. Et d’un coup, d’un seul, ils ont disparus. Mais, c’est sans compter sur le goût de la mise en scène du dauphin qui aime travailler sa sortie, je le sais maintenant… Car soudain au loin, une barrière d’écume blanche s’élève laissant apercevoir un bouillonnement de dauphins crevant la surface de l’eau. On a le droit à une dernière haie d’honneur avant qu’ils ne disparaissent pour de bon, nous laissant heureux comme des gosses.